2ème
Festival International du Film de Jeonju

Bien qu'elle soit
le berceau du pansori, cet art du chant coréen traditionnel entendu récemment
dans Le Chant de la Fidèle Chunhyang d'Im Kwon-taek, la jolie
cité de Jeonju semble aimer les grands écarts culturels et c'est
ainsi qu'elle accueille pour la deuxième année consécutive
le Festival International de Jeonju, dédié aux films alternatifs
et numériques.

Petit coup de rétroprojecteur
pour commencer, avec un programme spécial sur les lendemains qui déchantent
de mai 68. Seront
ainsi diffusés La Chinoise (1967) de Jean Luc Godard, La Société
du Spectacle (1973) de Guy Debord et Mes Petites Amoureuses (1974)
de Jean Eustache.

La section hommage
se partagera entre la figure du grand Rainer Werner Fassbinder (Ours d'Or Berlin
1982), convoquée à travers deux de ses premiers films: Götter
der Pest (1970) et Warum läuft Herr R. Amok? (1970) et celle du documentariste
japonais Shinsuke Ogawa, dont on se souviendra qu'il a suivi pendant 10 ans
la lutte des paysans de Narita contre les expropriations visant à libérer
les terrains du futur aéroport deTokyo.

Dans la section
Cinemascape, le festival regroupe les films les plus novateurs du moment en
provenance du monde entier. Cette année, trois lauréats de Berlin
2001 se distinguent dans la sélection: Beijing
Bicycle de Wang
Xiao Shuai (Ours d'Argent), Betelnut Beauty de Lin Cheng-sheng (Meilleur
Réalisateur), Hedwig and the Angry Inch de James Cameron Mitchell
(Teddy Bear).

La section Asian
Indie Cine-Forum Meeting, compétitive et dotée d'un prix de 10
000$, s'intéresse aux visages de la nouvelle production asiatique indépendante.
Cette année, les japonais Miike
Takashi (Dead or Alive), Kiyoshi
Kurosawa (Cure, Charisma), Shinji
Aoyama (Eurêka)
et Akihiko
Shiota (Marchons, Marchons Encore), ainsi que leurs confrères
Kavitha Lankesh (Inde) et Asoka Handagama (Sri Lanka) viendront parler de leurs
parcours respectifs.

La section N-Vision,
regroupant des films tournés en vidéo numérique, portera
sur des films au contenu sexuel explicite, dont notamment le porno cyber IKU
de la vidéaste expérimentale Shu
Lea Cheang, vu à Montréal, Sundance
et Créteil.

Pour finir, la
cerise sur le gâteau: trois courts-métrages DV inédits de
Jia
Zhang-ke (In Public), John Akomfrah (Digitopia) et Tsai Ming
Liang (Fish, Underground).

Voici donc les
ingrédients d'un festival novateur qui a toutes les chances de s'imposer
comme l'un des grands festivals asiatiques de demain.

Robin
Gatto