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Shiota au pays des Insectes"J'étais épris de sentiments révolutionnaires, et je voulais tout changer dans le cinéma japonais!" disait il y a deux ans Akihiko Shiota à propos de ses débuts. Manifestement, il n'a pas oublié, car une impressionnante scène d'explosions à base de cocktails molotov figure au menu de son quatrième long métrage, Harmful Insect une histoire de harcèlement sexuel et de rêves adolescents brisés dans la grisaille d'une banlieue japonaise. Le réalisateur nous en dit un peu plus sur ses intentions dans une interview réalisée à Venise même. Vous avez commencé vos études de cinéma à l'âge de 18 ans. Comment s'est opéré ce choix? J'ai commencé à m'intéresser au cinéma à l'âge de 10 ans, ainsi mon parcours semblait tout tracé. Après être entré à l'université, j'ai sympathisé avec plusieurs personnes aimant le cinéma, dont Monsieur Kiyoshi Kurosawa. Il n'y avait pas de cours d'histoire du cinéma, alors nous parlions de cinéma tous ensemble, nous partagions nos passions, notamment pour les films de Jean Luc Godard avec Monsieur Kurosawa. Ensuite nous avons formé un groupe et commencé à faire des films indépendants, en super 8. Monsieur Kurosawa a t-il été pour vous un mentor? Je n'ai jamais imité son oeuvre, mais on dit que mes films ressemblent aux siens. Nous n'avons pas le même âge - Monsieur Kurosawa est plus âgé - alors c'est vrai qu'il a du m'influencer d'une manière ou d'une autre. Revendiquez-vous un cinéma indépendant, en opposition au cinéma commercial? Les années 50 étaient de très bonnes années pour faire du cinéma au Japon. A partir des années 60, la nouvelle vague est apparue avec des réalisateurs comme Nagisa Oshima. Nous, nous avons commencé dans les années 80, la plus mauvaise époque pour faire des films au Japon. C'est vrai que nous avons réagi contre le marasme ambiant, nous voulions faire des films nouveaux. Moi-même j'étais épris de sentiments révolutionnaires, et je voulais tout changer dans le cinéma japonais! Peut-être que Monsieur Kurosawa, Shinji Aoyama et moi-même devrions former un groupe révolutionnaire! (rires) Pensez-vous avoir conservé cet esprit "rebelle"? J'ai la sensation d'obéir un petit peu à une tradition japonaise, quoi qu'il en soit. Mais en même temps j'essaye d'aborder des domaines un peu nouveaux. Dans Moonlight Whispers (Murmures au Clair de Lune), je décris une relation sadomasochiste entre deux adolescents, et j'ai la sensation d'avoir apporté un esprit somme toute indépendant dans un film produit par une grande entreprise (Nikkatsu). Parlez-nous de The Nude Woman, un pinku eiga (film érotique)... The Nude Woman a été tourné en vidéo en seulement 5 jours! C'est l'histoire d'une femme mariée qui rencontre une femme exhibitionniste et le devient elle-même! Mais ce n'est pas le propos réel du film. C'est l'histoire de personnes qui ne peuvent contrôler leurs pulsions, leurs tentations, leurs démons. C'est le genre de personnages que j'aime! En quoi a consisté votre travail de scénariste à partir de 1991? J'ai écrit des scénarios très personnels et fait des adaptations de romans. Par exemple, j'ai écrit The Nude Woman seul, puis je l'ai fait lire à un ami, Hiroshi Takahashi - scénariste de deux films de Kurosawa et de Ring - nous l'avons retravaillé ensemble et nous sommes ensuite allés trouver la production. The Nude Woman a été tourné pour la vidéo. Je voulais faire le film en pellicule, mais la production m'a dit: "Nous ne pouvons vous produire que si vous tournez en vidéo." Vous êtes professeur de cinéma au même titre que votre ami Kiyoshi Kurosawa. Qu'essayez vous de transmettre à vos élèves? Eh bien, je suis tout à la fois scénariste, directeur de photographie, réalisateur, monteur. Je peux tout faire en réalisant un film, et j'essaie d'apprendre tout cela à mes élèves. Je souhaite qu'ils deviennent des réalisateurs tout aussi polyvalents. Vous avez été assistant réalisateur de Monsieur Kurosawa sur deux films, dont Cure. Que retenez vous de ces expériences? Je ressemble à Monsieur Kurosawa en ce sens que lui comme moi sommes capables de faire des films de studio sans perdre notre identité, notre indépendance. Même s'il n'y a pas beaucoup d'argent, Monsieur Kurosawa est capable de faire des films personnels, de grande qualité. Et s'il y a de l'argent, cela ne change rien à la qualité de son cinéma! Il reste lui-même. Nous aimons tous les deux les films de genre américains, mais au Japon c'est très dur de faire des films dans cette veine. J'essaie quand même, mais à l'arrivée je fais des films très différents! Encore un point similaire entre Monsieur Kurosawa et moi! (rires) Don't look back est un film sur le "yonen jidai" - la première enfance - financé en partie par l'Université de Tokyo. Expliquez nous la naissance de ce projet... Il y avait deux buts dans la réalisation de ce film: faire un film avec et pour les étudiants, et le faire sortir au cinéma. Dokomademo Ikou a donc été fait avec les étudiants de l' université, tout comme, par la suite, Vaines Illusions de Kiyoshi Kurosawa. Le caméraman et le preneur de sons étaient des professionnels, et les autres postes étaient alloués à des étudiants. Comment avez-vous trouvé vos jeunes acteurs? J'ai passé de nombreuses auditions - une centaine d'enfants au total, amateurs ou professionnels. J'ai finalement retenu des amateurs. Les scènes d'école ont été tournées dans une vraie école, mais les élèves sont tous des acteurs. Au Japon, beaucoup de gens ont cru que ces scènes relevaient du documentaire... Vous avez utilisé une partition très militaire pour rythmer la marche des enfants... Je montre des enfants qui n'ont pas connu la guerre. Mais ce sont de véritables "petits soldats", comme tous les enfants de cet âge, influencés par les jeux, la télévision, les films. Au début du film, la musique est plutôt comique, puis après la mort d'un des personnages, elle devient un peu plus sombre... Vaines Illusions est un film sur l'incommunabilité dans les jeunes couples. Dokomademo Ikou donne la sensation qu'il n'y a pas non plus de communication entre les enfants et les parents... Je voulais avant tout décrire le processus de maturation d'un enfant. Dans la société il y a deux mondes bien distincts: le monde des enfants et le monde des adultes. Et le monde des adultes est parfois violent pour les enfants - c'est le deuxième thème du film. Le monde des enfants ne préfigure-t-il pas en partie le monde des adultes? Quand nous regardons le monde des enfants, nous plongeons dans nos racines. Mais chacun le fait à sa façon, ainsi chaque spectateur aura des réactions différentes en voyant le film. Je crois que la vie est un perpétuel combat contre nos fautes, nos regrets, et cela implique l'enfance. Nous répétons souvent nos fautes, mais grâce à cela, nous pouvons apprendre de nous même et progresser. Nous pouvons ainsi continuer à apprendre de notre enfance à l'âge adulte. Mais il faut avant tout regarder en avant et continuer à se battre avec la vie - Don't look back... Pourtant, en faisant ce film, vous nous dites en même temps: Look back - regardez en arrière, souvenez-vous... (pensif) C'est vrai... Alors, look back... mais... don't look back! (rires) Le titre japonais, Dokomademo Ikou, signifie: "Allons aussi loin que possible". Ce qui est impossible, c'est seulement une métaphore, une invitation pour chacun à réfléchir sur sa propre vie, son propre parcours. Que voulez-vous faire passer dans ces plans où les enfants regardent la ville? Je veux faire passer deux choses: la beauté de la ville vue d'une perspective différente, plus large, et en même temps la petitesse de nos vies. Kiyoshi Kurosawa disait, partant de Vaines Illusions, que l'absence d'horizon dans les grandes villes comme Tokyo marque métaphoriquement l'absence de regard vers le futur... Monsieur Kurosawa a raison! (rires) Encore un point sur lequel nous sommes d'accord! (rires) Quels projets aviez-vous après Marchons, Marchons Encore? A part Gips et Harmful Insect, j'avais un troisième projet qui était un gros film d'action avec des actrices très connues. C'était l'histoire d'un affrontement entre deux tueuses à gage. Je voulais raconter cette histoire à la façon d'un film musical. Un peu comme le Pistol Opera de Seijun Suzuki... (sourire) Avec Gips, vous êtes retourné à l'univers de Moonlight Whispers... Oui, en effet. Dans Moonlight Whispers, il y avait une histoire de sado-masochisme entre deux adolescents, dans Gips, elle se passe entre deux femmes. Moonlight... était un film assez romantique, mais Gips ne l'est pas, l'approche y est plus politique, la relation des deux femmes est vraiment un jeu de manipulation et de pouvoir. Il y a une esclave et une maîtresse, mais des fois, la maitresse devient esclave, et l'esclave devient maîtresse. Et continuellement, l'une essaie d'être plus forte que l'autre, de remplacer l'autre. J'avoue que je n'éprouve pas un grand intérêt pour les histoires d'amour normales, dans lesquelles les hommes et les femmes s'aiment sur un pied d'égalité. Pour moi, il doit y avoir une lutte de pouvoir, et ce pouvoir doit évoluer, changer de main, passer alternativement de l'homme à la femme. En tout cas, ils doivent se battre! (rires) Gaichu me paraît tout aussi politique dans son approche et son message... Oui. Je dirais même que dans Gips, l'approche politique était inintentionnelle, tandis que dans Harmful Insect, elle est plus logique. Je voulais explorer le monde de très jeunes personnes. Et quand on regarde leur monde, leur habitat, leur environnement, il est très naturel de prendre des choses politiques autour d'eux. Il y a une tension sexuelle très forte dans Harmful Insect, et le sujet de l'enjo kosai (forme de prostitution adolescente) n'est jamais très loin... C'est vrai que récemment, au Japon, l'enjo kosai est devenu un gros problème de société. Par conséquent, il y a pas mal de films qui traitent de ce problème et qui montrent des jeunes filles faisant l'amour avec des hommes d'âge mûr. Cependant, je n'ai pas voulu axer le film sur ce problème. Mais quand on montre le monde d'une jeune fille de 13 ans, il est naturel de montrer ce genre de situations, car c'est une violence qui arrive tous les jours au Japon. Il semble que le scénario de Harmful Insect ait été développé par un de vos étudiants... C'est exact. Ce n'est pas un scénario que je lui ai demandé, mais elle l'avait déjà écrit par elle-même. J'ai eu la chance de pouvoir le lire, et je l'ai trouvé très intéressant. Quand j'ai décidé de faire le film, j'ai du le réécrire pas mal. Le personnage principal était bien développé, donc je ne l'ai pas trop retouché. J'ai travaillé surtout sur le son et les effets visuels. Le son est utilisé d'une manière très particulière dans ce film, il y a toutes sortes de sons violents qui éclatent autour des personnages et qui ont été ajoutés en postproduction. La jeune fille, Sachiko, essaie de ne pas être touchée par la violence autour d'elle, par ces sons. Mais elle-même produit des sons qui sont tout aussi violents pour le monde autour d'elle... Le monde violente cette fille, mais elle le violente aussi en retour. Il y a à cet égard un double sens dans le titre Gaichu (Harmful Insect): les gens autour de la fille sont des "gaichu", des insectes nuisibles, mais elle aussi en est un pour le monde, comme un parasite. Il y a une scène très impressionnante dans le film, quand Sachiko lance des cocktails molotov sur sa maison, sur un fond de heavy metal. Votre fantasme de destruction du cinéma japonais trouve un très bel exutoire dans cette séquence! C'est une scène qui n'était pas dans le scénario original, je l'ai écrite moi-même. J'ai pensé que cette musique heavy metal apporterait un contraste intéressant avec le côté "calme" du film. Je voulais détruire toutes les petites émotions délicates du film en introduisant ce genre de musique! (rires) Je voulais créer un moment d'anarchie totale, un moment où la vie des autres ne vous importe plus du tout! On se fout des autres, on suit le courant de la vie, le torrent de la vie, et ce torrent et cette musique heavy metal vont très bien ensemble! (rires) J'ai été très impressionné par la performance de Ryo dans votre film. Ryo est une actrice qu'on a vue dans Gemini de Shinya Tsukamoto et Distance de Hirokazu Kore-eda, mais j'ai la sensation que vous êtes le seul pour l'instant à l'avoir utilisée d'une manière vraiment mature... Ryo est une actrice vraiment spéciale. Avant de la rencontrer, j'avais d'elle l'image d'une femme forte et pleine d'énergie. Cependant, lors de notre première rencontre, elle m'a plutôt fait l'impression d'une femme très sensible et même, dans un certain sens, frêle, très délicate. La fin de Harmful Insect est pour le moins déprimante. Y voyez-vous cependant une place pour l'espoir? C'est vrai que le film se termine d'une manière abrupte et plutôt triste. La jeune fille s'achemine vers un destin funeste. Cependant, il reste de l'espoir, car c'est de son propre chef qu'elle a choisi son futur. Cela signifie que même si sa vie est dure et qu'elle a beaucoup de problèmes, elle aura le pouvoir de choisir une nouvelle voie pour changer son destin. Avec ce film, c'est la troisième fois que vous travaillez avec des adolescents. Que vous apporte ce travail sur un plan intime? Je pourrais dire que je continue à me pencher sur mon passé, mais si je dis ça, vous allez penser que j'éprouve de la nostalgie, et ce n'est pas un sentiment que je veux faire passer. En fait, j'aime travailler avec des adolescents pour plusieurs raisons. Par exemple, ils ne se plaignent jamais, ils ne se plaignent pas comme les stars. Il est très facile de travailler avec eux, je peux leur parler et les comprendre très aisément. Il y a aussi une chose que les adolescents ont et que les adultes ne peuvent plus avoir. Il s'agit d'une beauté intérieure. Ils peuvent changer à n'importe quel moment, au bout d'une minute, d'un jour, d'une semaine. En une seconde, ils peuvent devenir de toutes autres personnes. Il y a une sorte de suspense en eux (rires), un monde intangible que je trouve très intéressant de représenter. Une autre raison encore, c'est que dans notre monde, les enfants et les jeunes adolescents sont des individus faibles. Ils vivent dans une société qui les gouverne sans vraiment pouvoir manifester un réel pouvoir en retour. Ils accusent beaucoup de chocs en provenance de ce monde, et en sont de ce fait un miroir perpétuel. Et je pense que c'est ce miroir qui me fascinait quand j'ai décidé de faire Harmful Insect. Robin Gatto |
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Chatelin Bruno
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