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Martin Scorsese Masterclass in Cannes

 

 

 

Rose Byrne, la déesse de Venise

Jeune actrice australienne, Rose Byrne a tourné son premier
film à 13 ans. Un flop, selon elle. Ce qui ne l'a pas empêchée
d'enchaîner les rôles à la télévision avant
de gagner à 21 ans seulement et pour son quatrième film, la prestigieuse
Coupe Volpi récompensant la meilleure actrice du Festival
de Venise
. C'était en septembre dernier pour son rôle d'aveugle
dans The
Goddess of 1967
de Clara
Law
qui sort le 18 juillet en France. Depuis, tout semble aller pour le
mieux puisque Rose fera partie de l'un des castings les plus convoités
du moment : celui de Star Wars Episode 2 !

Filmographie :

Star Wars: Episode II (2002)

Beneath the Banyan Trees (2001)

The Goddess of 1967 (2000)

My Mother Frank (2000)

Jenny Two Hands (1999)

"Murder Call" (1997) TV

"Echo Point" (1995) TV

Dallas Doll (1994)

Dites-nous en un peu plus sur vous...

J'ai franchi différents pas tout au long de ma vie. J'ai
commencé les cours de comédie à huit ans, j'ai fait du
théâtre à l'école et au lycée et quand j'ai
fini mes études, j'ai continué. J'ai suivi un cours à New
York l'année dernière, j'ai étudié pendant deux
mois à Manhattan et je viens de terminer une pièce au Théâtre
de Sydney il y a six semaines. Et maintenant, je suis sans emploi, je pourrais
bien servir des cafés à l'Hôtel des Bains ! (rires)

Quand avez-vous pris conscience que vous vouliez vraiment être
une actrice ?

J'ai commencé à penser que je pourrais en faire
mon travail à 13 ans. J'ai fait mon premier film à cet âge-là.
C'était un film australien intitulé Dallas Doll avec l'actrice
américaine Sandra Bernhard (La Valse des Pantins, Hudson Hawk,
Roseanne (TV), Au lit avec Madonna). Ce fut un flop. C'était
ma toute première audition et une fois que je suis arrivée sur
le plateau, je me suis dit : " Voilà vraiment ce que je veux faire
!"

Est-ce que vos parents vous soutenaient ?

Ils ont été super, toujours à m'encourager.
Ils m'ont vraiment soutenue.

Comment vous êtes-vous préparée pour votre
rôle dans The Goddess of 1967 ?

J'ai passé du temps avec une aveugle en Australie. Cela
m'a beaucoup aidée. Je lui ai posé un tas de questions. Elle était
aveugle de naissance, comme mon personnage. J'ai donc observé son corps,
son visage. Les aveugles ont des muscles faciaux très différents
parce qu'ils n'ont aucune idée de l'étiquette. Ils n'apprennent
pas à imiter leurs parents dans la composition du visage. Ils ont un
air changeant et maladroit, on peut tout de suite voir qu'ils sont aveugles.
J'ai donc beaucoup travaillé physiquement et j'ai été aidée
par une femme qui travaille depuis trente ans auprès de nons-voyant.
Elle a aidé dans mes répétitions. C'était très
bien car cela m'a donné beaucoup de confiance, et de courage, parce que
j'étais très nerveuse.

Clara vous a demandé d'être aveugle chaque jour
sur le plateau. Comment avez-vous travaillé cela ?

Nous avons répété pendant quatre semaines.Lorsque
je suis arrivée sur le plateau, j'étais vraiment préparée
à jouer en aveugle. Nous n'avons pas eu besoin de trop en parler. De
temps en temps elle me disait (elle respire profondément) : "Rose,
tu es aveugle" (rires) Mais tout était quasimment prêt quand
nous avons commencé à tourner, ce qui était bien, parce
qu'elle n'avait plus de temps disponible pour cela une fois que toute l'équipe
était là. C'était donc important qu'on ait plus à
en discuter. J'étais contente d'avoir fait tout ce travail de répétition.

Votre personnage passe par toutes sortes d'émotions.
Y avait-il une scène particulièrement dure à faire ?

La scène la plus dure fut sans doute la scène d'amour.
Pas seulement parce que c'était une scène d'amour mais parce que
c'était un amour intense dans l'émotion. Je devais être
nue non seulement physiquement mais aussi mentalement, et c'était vraiment
épuisant. La scène finale dans la mine avec le revolver était
dure aussi, parce que l'endroit était étroit et qu'il y avait
toute l'équipe. J'étais fatiguée et je devais me mettre
en colère, ce en quoi je ne suis pas bonne. Cette scène finale
fut vraiment difficile. C'était le climax du film, je devais être
hystérique, c'était une scène épique.

Pour votre personnage, la cécité est plus qu'une
affliction physique.

Sa mère pense que sa fille est maudite, parce qu'elle est
le produit de quelque chose de mauvais. C'est comme un signe de Dieu qu'ils
ont fait quelque chose de mal... C'est un peu symbolique vu comme cela. Mais
je pense que Clara a vraiment montré qu'être handicapée
physiquement ne signifie pas être handicapée mentalement. Et que
parfois, cela peut vous élever de ne pas avoir les mêmes facultés
que les autres. Cela peut vous rendre spirituellement plus avertie, plus à
l'aise avec le monde. C'est un point de vue très idéaliste. Mais
c'est un film et c'est ce qu'elle voulait décrire. Elle s'est servie
de BG (son personnage) comme d'un intermédiaire.

Le fait que les personnages n'aient pas de nom, qu'est-ce que
cela signifie pour vous ?

C'était très frustrant pour moi, je n'aimais pas
du tout cela. Mais c'était une idée de Clara et elle ne voulait
pas en démordre, elle voulait que tout soit ambigu et opaque, que rien
ne soit tranché. C'est très ambigu, et c'est au public de décider
ce qu'il doit penser des personnages. C'est pour cela qu'elle ne leur a pas
donné de nom. Mais moi, j'aime les détails, j'aime la réalité,
même si le sujet est spirituel ou métaphysique. Nous nous sommes
disputées sur ce point.

N'avait-elle pas nommé tous les personnages avec des
noms de voiture ?

Non, "BG" signifie "Blind Girl" (Fille aveugle,
ndlr) et "JM" "Japanese Man" (Homme Japonais) ! C'est une
plaisanterie, je crois. Mais elle aime vraiment les initiales ! (rires)

Quelles ont été vos premières impressions
à la lecture du scénario ?

Je ne savais absolument pas à quoi allait ressembler le
film jusqu'à ce que je le voie. Tout ce que j'ai tiré des répétitions,
c'est que Clara est totalement sans compromis.C'était fantastique, mais
c'était aussi très dur parfois, parce qu'il était hors
de question de s'arrêter tant qu'elle n'avait pas obtenue ce qu'elle voulait.
Le film est le résultat de cette rigueur. Je pense que c'est un témoignage
de son éthique de travail, de son absence de compromissions, et c'est
ce qui en fait la valeur. Je ne pense pas que cela aurait fonctionné
autrement. C'est vraiment sa vision à elle. Avoir un film entièrement
en tête comme cela, c'est quelque chose qui dépasse mon imagination.
J'aimais beaucoup l'idée de la voiture aussi (une Citroën DS, qui
a donné son titre au film, "goddess" signifiant déesse
en anglais, ndlr), comment cette voiture était le gardien de ce personnage,
le fait qu'elle lui ait donné une âme. C'est drôle et bizarre.
C'est très chinois en quelque sorte.

Entretien réalisé à Venise en septembre
2000 par Kerry Shaw et Robin Gatto

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