LETTRE OUVERTE DES REALISATEURS AUX PARTENAIRES SOCIAUX ET AUX MINISTRES DE
L'INDUSTRIE ET DE LA CULTURE: ASSEZ D'HYPOCRISIE !
Réalisateurs, directeurs de production, comédiens, chefs opérateurs,
ingénieurs du son, machinos, électros, régisseurs, monteurs, décorateurs,
costumiers, maquilleurs, coiffeurs, musiciens, cascadeurs la liste des
métiers indispensables à la création d'une oeuvre audiovisuelle ou
cinématographique est longue, très longue.
Toutes ces professions sont actuellement menacées par une volonté de
restructuration de leur statut social.
La méconnaissance de la nature de nos métiers par les représentants du MEDEF
les mène à vouloir aujourd¹hui séparer en deux annexes distinctes l¹ensemble
des personnes qui forment les équipes de cinéma. Nous sommes tous, avant
tout, des techniciens. Nous devons donc être soumis à la même règle et
bénéficier des mêmes droits. Nous dissocier et nous opposer ne peut se
comprendre que par la volonté à terme d¹écarter ou d¹écraser les plus
fragiles d¹entre nous.
De plus le MEDEF, en voulant restreindre les conditions ouvrant le droit à
une indemnisation au chômage entre deux films et en diminuant brutalement
les temps maximaux d'indemnisation (6 mois au lieu de 12 précédemment)
contribue de façon irresponsable à scier la branche sur laquelle repose
toute la diversité de la création cinématographique indépendante.
En effet, toute production cinématographique et audiovisuelle, comme toute
création artistique, a besoin d¹une part importante de temps de travail
invisible : écriture, repérages, documentations, auditions, lectures,
répétitions, recherches de partenaires financiers, négociations toujours
plus longues et aléatoires avec les diffuseursŠ Si pendant ces périodes
d¹élaboration souterraine, intimes, peu spectaculaires, nous ne pouvons plus
compter sur un minimum d¹indemnité et de protection sociale, on verra
disparaître bon nombre d¹¦uvres qui sont le vivier de cette fameuse
diversité culturelle pourtant défendue en principe avec acharnement par
l'ensemble des politiques et responsables économiques de ce pays.
À terme cette disparition ne pourra qu'entraîner dans sa chute et dégrader
durement la multitude des secteurs d¹activité qui dépendent directement ou
indirectement de la création et dont les personnels sont, eux,
majoritairement employés à temps plein : critiques, journalistes,
distributeurs, programmateurs de cinémas et de télévisions, directeurs de
salles, personnels des festivals, attachés de presses, publicitaires,
affichistes, industries techniques, laboratoires, auditorium, éditions vidéo
et DVD, bureaux d¹accueil de tournage, associations et institutions diverses
et variées: CNC, Ministère de la Culture, DRAC, société d¹auteurs, académie
des Césars... sans compter tout le commerce alentour que nous faisons
vivre.
Tous, nous avons conscience des dérapages existants et tous nous en
connaissons les causes : depuis vingt ans en effet l¹ensemble de la
production des nouvelles chaînes privées, toute la "production de flux", les
productions de séries et de TV réalité, et même d¹importants secteurs du
service public ont transformé par milliers des emplois fixes en emplois
intermittents alors que dans la réalité ces personnels travaillent à
l¹année, à poste fixe.
C¹est auprès de ces sociétés fautives qu¹il faut porter le fer. Et non pas
en menaçant un système original d'assurance-chômage grâce auquel nous avons
pu maintenir, une diversité artistique unique, à un rythme de production
annuel sans équivalent.
Si une réforme est en effet à chercher, il faut tenir compte de la nature
même de ce métier: le cinéma est un art, le septième art, mais aussi une
industrie - une industrie de prototype - qui répond à une alchimie très
particulière où voisinent entreprises individuelles, artisanales, micros et
grosses PME, groupes à plusieurs milliers d¹employés. Sous prétexte d¹apurer
les comptes de l¹assurance chômage du spectacle, le MEDEF va briser ce
délicat équilibre en le faisant rentrer de force dans un cadre qui n¹est pas
adapté à sa riche complexité.
Il est urgent que tous les acteurs concernés (des auteurs aux producteurs en
passant par les diffuseurs et pouvoirs publics) se réunissent pour trouver
des solutions enrayant ce sous-financement chronique des ¦uvres et pour
sauver la production indépendante sinistrée. Et non pas, une fois de plus,
laisser le MEDEF, dans sa logique comptable aveugle, s'attaquer aux seules
forces d'initiative à la base de la diversité culturelle : celle des
créateurs et des professionnels qui les entourent.
Nous le savons tous : si la création devient uniforme c¹est la civilisation
qui s¹appauvrit. C'est la liberté du public de pouvoir choisir parmi une
diversité d'oeuvres qui est en cause !
Premiers réalisateurs signataires (liste arrêtée à 15h)
Pierre Abramovici
Adam Alexandre
Anne Alix
Carlos Alvarez
Michel Andrieu
Solveig Anspach
Christine Argelles
Emmanuel Audrain
Myriam Aziza
Sylvie BALLYOT
Khadicha BARIHA
Geneviève Bastid-Neveu
Louis Bastin
Guy Baudon
Antoine Beau
Jean-Pierre Beaurenaut
Jean-Jacques BEINEX
Hugo Bélit
Véra Belmont
Sarah BENILLOUCHE
Malek Bensmaïl
Agnès BERT
Julie Bertuccelli
Samuel Bester
Nicolas Birkenstock
Séverin Blanchet
Etienne BLANCHON
Bernard BLOCH
Dominique BOCCAROSSA
Bernard BOESPFLUG
Sophie Bredier
Joël Brisse
STÉPHANE BRIZÉ
ERIC BU
Dominique Cabrera
Angelo Caperna
Jean-Michel Carré
Charles Castella
Yves Caumon
Béatrice Champanier
Tran Tien Chanh
Soazig Chappdelaine
Clara Chardavoine
Laurent Chevallier
Malik CHIBANE
François CHILOWICZ
Laurent Cibien
Axel Clevenot
Gérard COLIN
Marie COLONNA
Jean-Louis Comolli
Richard Copans
Alain Corneau
Vero Cratzborn
Dominique Crespe
Sophie Creusot-Guitton
PASCALE CUENOT
Sylvaine Dampierre
Nils de Coster
Liliane de Kermadec
Yves de Peretti
Dante Desarthe
Jacques Deschamps
Patrice Desenne
Pascal Deux
Marina De Van
Marie-Dominique Dhelsing
Sylvie Ditmann
Marie DOLEZ
Ariane DOUBLET
Olivier Ducastel
Marie-Pierre Duhamel-Muller
Vincent Dieutre
Judith Du Pasquier
Bernard Dumont
Laurent DURET
Jean-Pierre Duret
Claude DUTY
Daniel EDINGER
Stéphane ELMADJIAN
Philomène ESPOSITO
Bernard Favre
Hicham FALAH
René Féret
VINCENT FROEHLY
François Fronty
Philippe Fuselier
Catherine Garanger
Vincent GARENQ
Fabrice Genestal
Denis Gheerbrant
Khaled Ghorbal
Chloé GLOTIN
Dominique Gros
Pascal Goblot
Pierre GOETSCHEL
Mathias Gokalp
Frédéric GOLDBRONN
Jean-Louis Gonnet
Gabriel Gonnet
Martin Gracineau
Pierre Guicheney
Alain Guiraudie
Patricio GUZMAN
Laurent Hasse
Henri HERRE
Michael Hoare
Robin Hunzinger
Danielle Jaeggi
Lou Jeunet
Laurence Jourdan
Sebastien Jousse
Nicolas JOUVIN
Yann Kassile
Anna KENDALL
Yann Kilborne
Catherine Klein
Beatice Kordon
Pierre Lacan
Philippe Legay
Zeka Laplaine
Luc LECLERC DU SABLON
Alexandre Lefrançois
Jean-Luc Lenee
Philippe Lespinasse
Philippe Lignières
Jean Pierre Lledo
Boris Lojkine
Bernard Mangiante
Yvon Marciano
Jacques Martineau
Didier Mauro
Jacques MAYO
Olivier Megaton
Nathalie Menant
Stéphane Mercurio
Jean-Louis Milesi
Valérie Minetto
Bernard Monsigny
Alain Moreau
Anne Morin
Bruno MUEL
Robert Mugnerot
Charles Najman
Alain Nahum
Didier Nion
Natacha Nisic
Jean Odoutan
Pierre Oscar Levy
Mariana Otero
Christophe Otzenberger
Djamel Ouahab
François Ozon
Rithy PANH
Delphine Pellereau
Viviane Perelmuter
Marc Petit-Jean
Laurence Petit-Jouvet
Nicolas Philibert
Eric PITTARD
Manuel Poirier
Alice de Poncheville
Frédérique Pressmann
Marie Prudhomme
Bernard Queysanne
Thierry Ragobert
Philippe Ramos
Alain RAOUST
Manu Rewal
Jean-Michel Rodrigo
Jean-Henri ROGER
Jean-Paul Roig
François Rosolato
Christophe RUGGIA
Djamila SAHRAOUI
Jean-Paul SALOME
Hugo Santiago
Olivier Séror
Pascaline Simar
Vincent Solignac
Arnaud Soulier
Xavier Sourice
Ula Tabari
Bertrand TAVERNIER
Anne THERON
Pascal THOMAS
Jean-Pierre THORN
Catherine Tissier
Christine Tomas
Christian Tran
Marie-Claude TREILHOU
Nadine Trintignant
Anne Toussaint
Cécile Vargaftig
Sophie Roland Verdeil
Marie VERMILLARD
Jacques Vigoureux
Christian VINCENT
Anaïs Vita