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Cycle « Road-movie » 1ère étape : 80 films autour d’Easy Rider
à l’Action Christine du 11 au 24 janvier 2006

Du 11 au 24 janvier, à l’Action Christine, le Forum des images inaugure un cycle consacré au road-movie en réunissant plus de 80 films « autour d’Easy Rider ». Cette première étape se poursuivra au printemps avec
« Les amants fugitifs », du 29 mars au 4 avril, puis « La route à mort », du 10 au 16 mai.

Genre cinématographique à la fois ancré dans la mythologie de l’Ouest américain et issu de la contre-culture forgée par la « beat generation », le road-movie naît avec le film culte de Dennis Hopper, Easy Rider, au tournant de la décennie soixante/soixante-dix.

Chevauchant leurs grosses cylindrées, les personnages de Peter Fonda et Jack Nicholson traversent une Amérique démystifiée et hostile, entre rêverie pschychédélique et visions de cauchemar. La route invite à toutes les expériences et conduit aux marges de la société. Avec ce film, le thème du voyage et son revers l’errance, la quête identitaire et son impossibilité, l’image révolue d’une Amérique des pionniers, épris de liberté, conquérants et déterminés, créent une nouvelle mythologie. L’univers désabusé, imaginé par Dennis Hopper, devient l’emblème de toute une génération et ouvre de nouvelles voies cinématographiques, aux États-Unis et au-delà, en Europe notamment.

En prenant Easy Rider comme point de référence et en le replaçant parmi 80 films, cette première partie du cycle conçu par le Forum des images éclaire les éléments inhérents au road-movie, l’influence de cette oeuvre sur un genre tout entier ainsi que ses racines puisées dans les genres phares du cinéma américain. Six invités croisent leurs regards sur le road-movie : les réalisateurs Jean-François Stévenin pour une carte blanche, Claude Faraldo, Roger Diamantis, Richard Copans, l’enseignant Jacques Aumont et la sociologue Annie Goldman.


Le thème des grands espaces, traversés d’est en ouest, en vue d’une terre promise, c’est le rêve américain que le western met si bien en scène avec notamment Antony Mann pour Les Affameurs (les 17 et 19 janvier), John Ford bien sûr pour La Chevauchée fantastique (les 11 janvier) ou Le Convoi des braves (les 20 et 22 janvier). La Prisonnière du désert (le 13 janvier) marque la fin de ces épopées flamboyantes. La nature dépasse l’homme, le menace à mort, comme en témoignent The Shooting de Monte Hellman (le 18 janvier) ou le néo-western de Jim Jarmush, Dead Man (les 16 et 18 janvier). La moto ou la voiture remplace le cheval, l’image du héros est définitivement brouillée. En ce sens, le road-movie est le fils capricieux du western, comme l’illustrent si différemment Paris Texas de Wim Wenders (les 22 et 24 janvier), Sunchaser de Michael Cimino (11 janvier), Historias minimas de Carlos Sorin (les 12 et 14 janvier) ou encore Carnets de voyage de Walter Salles (les 15 et 16 janvier).

Le road-movie c’est aussi l’amitié masculine qui se déroule au fil de la route : le couple de motards d’Easy Rider (11 et 13 janvier), les deux complices du Canardeur de Cimino (les 12 et 13 janvier) ou encore les routiers du Convoi de Sam Peckinpah (les 20 et 23 janvier). Si l’aventure entre copains peut être brutale avec Monte Hellman (Macadam à deux voies, les 17 et 23 janvier), elle est plutôt cocasse et légère avec Alain Cavalier (Le Plein de super, les 17 et 19 janvier) et Jean-François Stévenin (Passe-montagne, les 12 et 15 janvier, Double messieurs, les 15 et 17 janvier et Mischka, les 14 et 16 janvier). Univers éminemment masculin, le road-movie compte quand même quelques reines de la route : Susan Sarandon et Geena Davis (Thelma et Louise, le 21 janvier) ou Marianne Faithfull (La Motocyclette, les 21 et 23 janvier).

À l’instar de la littérature américaine, le road-movie n’a cessé de nourrir la figure du voyageur, et plus particulièrement du vagabond. Parce qu’il a choisi de vivre libre et qu’il fait son initiation au gré des rencontres, le vagabond est un personnage positif comme en témoignent L’Épouvantail de Jerry Shatzberg (les 20 et 24 janvier), Des oiseaux petits et grands de Pasolini (le 15 janvier) ou encore Honky Tonk Man de Clint Eastwood (les 20 et 23 janvier). Avec Sans toit ni loi d’Agnès Varda (les 22 et 24 janvier) ou Western de Manuel Poirier (le 19 janvier), l’utopie du nomadisme n’a pas perdu de sa vigueur.

En écho à la désillusion qui règne dans Easy Rider, le cinéma européen développe le thème de l’errance, à l’image de Wim Wenders avec Faux mouvement (les 19 et 22 janvier) ou de Marguerite Duras pour Le Camion (les 21 et 22 janvier). Côté américain, Barabra Loden avec Wanda (les 20 et 24 janvier) et Jim Jarmush avec Down by Law (les 11 et 12 janvier) ou Stranger than Paradise (les 16 et 18 janvier) filment des univers où les routes ne mènent nulle part.

La musique est aussi un élément fondateur du road-movie : Easy Rider est l’un des premiers films à utiliser du rock contemporain pour sa bande-son. La « rock attitude » est le leitmotiv de cette période. Plusieurs documentaires sur les rocks stars sont réalisés tel le Don’t look back de Don Alan Pennebaker (les 20 et 24 janvier) qui suit Bob Dylan au cours de sa tournée anglaise en 1965.

Six invités accompagnent cette programmation. Jean-François Stévenin, dont la carte blanche comporte huit films, vient présenter, samedi 14 janvier, son film Mischka et celui de Philippe Setbon, Ricky. Une rencontre avec le réalisateur Claude Faraldo est proposée, vendredi 13 janvier, lors de la projection de son film Deux lions au soleil et de Macadam Cow-Boy de John Schlesinger. Roger Diamantis présente, samedi 15 janvier, son film Si je t’cherche, je m’trouve. Richard Copans vient éclairer le documentaire de Robert Kramer, Route One/USA, mercredi 18 janvier. Critique et enseignant, Jacques Aumont, analyse Le Plein de Super d’Alain Cavalier, mardi 17 janvier. La sociologue Annie Goldman propose de réfléchir sur les personnages du vagabond, du nomade et de l’errant au cinéma, lors de la projection de Faux Mouvement de Wim Wenders et de Western de Manuel Poirier, jeudi 19 janvier.

Le road-movie est un genre cinématographique particulièrement fécond, au regard de ses nombreuses expressions et variations, quelle que soit l’époque : cette première étape du cycle Road-Movie en témoigne.