George Clooney a l'art dramatique dans les veines. Rien d'étonnant à
cela quand votre tante est la fameuse chanteuse Rosemary Clooney, et votre père
le responsable du journal télévisé de Cincinnati. Arrivé
a Los Angeles, Clooney a connu toutes les dures tribulations du jeune acteur
postulant - comme les placards-couchettes entre deux auditions - avant d'émerger
à la postérité grâce à la série Urgences.
Le voici maintenant réalisateur d'un longsmétrage, Confessions
of a Dangerous Mind, qui a valu a son interprète principal, Sam Rockwell,
le prix du meilleur acteur au dernier festival de Berlin. Mais pour l'heure,
Clooney nous parle dans cette interview exclusive de son rôle dans Solaris,
de ses derniers soucis dus à la célébrité et de son embarrassant
cochon domestique Max...
Vous avez pris un certain risque d'acteur en acceptant Solaris. En
étiez-vous conscient et peut-être inquiet?
Steven Soderbergh et moi-même avons monte une maison de production pour
faire des films avant-gardistes et repousser les limites et les diktats commerciaux.
Le cinéma que je préfère couvre la décennie de 1965
a 1975. Même les films finances par des grands studios avaient alors une
vraie valeur spirituelle. Steven a vraiment envie d'hausser le niveau d'exigence
de son cinéma et de questionner la nature commerciale des films actuels.
Je pense que Three Kings, par exemple, n'était pas seulement un
film de divertissement. Ce n'était pas du tout le film auquel les gens
s'attendaient. Hors d'Atteinte n'était pas non plus tout a fait
le film auquel le public s'attendait. Ceci dit, je me sens aussi très
a l'aise dans le cinéma d'évasion représenté par
Ocean's 11. C'est ce type de films qui nous permet ensuite d'essayer
des choses différentes comme Solaris.
Un film comme Solaris vous permet-il aussi de modifier votre propre
statut d'acteur/star ?
Vous savez, la célébrité est quelque chose de relatif
et éphémère. Mon plus grand modèle reste Paul Newman.
A un moment donne de sa carrière, il a cesse d'être une star pour
devenir tout simplement un acteur. Il savait alterner des films très
divertissants comme Butch Cassidy and the Sundance Kid, L'Arnaque,
et des films plus exigeants comme Cool Hand Luke et Hud. Son exigence
a culminé avec The Verdict, ou sa performance d'acteur était
digne des plus grands. Donc, pour survivre et durer en tant qu'acteur, il faut
savoir utiliser la célébrité pour faire des choses différentes.
Mon rôle est en tout cas de chercher a faire des bons films.
Les scènes les plus émouvqntes du film ont-elles constitué
un défi personnel ?
Ce qui les a surtout rendues difficiles était la multiplication des
lieux de tournage et donc des scènes. De plus, ma tante (Rosemary Cloney)
était mourante pendant le tournage. J'étais épuisé
et effondré. Certains lieux de tournage étaient vraiment difficiles,
comme la banlieue de Los Angeles, sous une pluie battante. D'autres endroits
étaient en comparaison beaucoup plus faciles à investir émotionnellement.
Que répondez-vous aux critiques reprochant au film sa lenteur excessive
?
C'est un film qui a été voulu lent. Le scénario ne faisait
que 70 pages, ce qui impliquait forcement des moments de silence dans le récit.
Evidemment, les canons narratifs modernes sont plus proches de MTV que de Solaris.
Mais moi, j'aime beaucoup le rythme de Solaris.
Vous avez récemment eu des problèmes avec une fan détraquée.
Que s'est-il exactement passé ?
Une femme d'une quarantaine d'années s'est faite passer pour une jeune
adolescente mourante de 15 ans. Il s'en est ensuivi une correspondance téléphonique
au cours de laquelle j'ai livré beaucoup de choses intimes sur ma vie.
Quand j'ai proposé d'envoyer un avion privé pour faire venir la
jeune fille, une dame m'a répondu qu'elle venait de mourir. Par la suite,
j'ai appris que c'était une seule et même personne, en quête
d'attention. Ce genre d'événements pourrait désormais m'inciter
à une grande méfiance vis a vis d'autrui. Mais je pense que ce
n'est qu'un accident isolé qui, je l'espère, ne se reproduira
plus.
Vous êtes très doué sur le plan de la communication.
Vous auriez pu être journaliste...
En fait, c'est le premier métier que j'avais envisagé de faire...
Mais je n'étais pas assez brillant pour cela. Etant le fils d'un responsable
éditorial de journal télévisé, j'ai rapidement trouve
un métier de reporter dans une émission, mais je me suis tout
aussi rapidement rendu compte que je n'avais pas les qualifications requises
pour un tel poste. Je n'avais pas beaucoup d'expérience de la vie, tout
simplement...
Quels sont parmi vos premiers emplois ceux que vous souhaiteriez oublier
?
Vendeur d'assurances au porte à porte et par téléphone.
Ca, c'était vraiment dur et brutal...
Comment va Max, votre cochon?
Je l'ai depuis 16 ans et il va très bien. Il est un peu moins gras qu'avant,
son ventre ne traîne plus sur le sol, Dieu merci ! Mais c'est très
dur de voyager avec lui, vous savez : il est très ballonne et lâche
beaucoup de gaz malodorants... J'ai aussi deux bulldogs qui font a peu près
les mêmes bruits que Max. Au moins, tous mes animaux domestiques me permettent
de garder un peu les pieds sur terre...
Propos recueillis par Lynn Barker et traduits par Robin Gatto