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Martin Scorsese Masterclass in Cannes

 

 

 

EmpeRoy Disney

Entretien avec
Roy Disney, Président des Studios Disney

Comme son nom
l'indique, Roy Disney est le neveu de Walt et travaille pour la firme de Mickey
depuis plus de trente ans. Président des productions Disney, il est à
l'origine de succès comme Le Roi Lion ou Toy Story. C'est
à Belfast, où il était présent pour l'ouverture
de "Cinemagic", que notre correspondant britannique l'a intercepté
pour un entretien exclusif durant lequel Roy revient sur sa carrière,
sur les derniers films du studio, Les 102 Dalmatiens, Dinosaure,
le dernier né Kuzco, l'Empereur Mégalo et évoque
les futurs projets dont un alléchant Monster's Inc., réalisé
avec les studios Pixar déjà responsables de Toy Story et
de 1001 Pattes.

Qu'est-ce qui
vous amène à Belfast ?


Nous avons été approchés par Shona McCarthy il y a plus
d'un an. Pendant plusieurs mois, nous en avons appris un peu plus sur le festival,
et Shona est venue nous voir à Los Angeles. Elle est très tenace,
je n'ai pas pu lui dire non. Et puis j'étais ravi de venir en Irlande,
d'y passer un peu plus de temps que le seul jour où j'étais là
l'été dernier.

Je crois que
vous avez une maison près de Cork ?


Oui, je l'ai depuis dix ans et nous essayons d'y passer deux ou trois mois chaque
année.

La famille Disney
a des origines irlandaises ?


Oui. En fait, le nom est d'origine française, il vient d'une petite ville
en Normandie qui s'appelle Disigny. La prononciation a changé au cours
des ans et une bonne partie de notre famille s'est retrouvée en Irlande
avant d'émigrer vers les Etats Unis. Nous avons des racines fortes ici.
Moi-même, j'ai épousé une femme dont le frère n'était
autre que l'ambassadeur des USA à Dublin pendant les années Reagan.
C'était la première fois que j'allais en Irlande, elle était
là, nous sommes tombés amoureux et tout cela s'est terminé
par cette maison que nous avons achetée.

Pourquoi avoir
décidé de tourner
Les 102 Dalmatiens en Grande Bretagne
?


Parce qu'à l'origine, c'est une histoire britannique, mais il y avait
aussi des raisons financières.

Comment avez-vous
réagi en voyant les premières séquences de
Dinosaure
?


J'étais abasourdi. Les premières scènes que j'ai vues au
sortir du labo étaient simplement stupéfiantes. Honnêtement,
je pense que l'histoire aurait pu être plus forte, mais nous avons énormément
appris au niveau de la technologie, ce qu'on peut ou ne peut pas faire, car
cela requiert une organisation totalement différente de faire un film
comme ça.

Pensez-vous
que Disney continuera de travailler seul aussi bien qu'avec des studios comme
Pixar ?


J'espère que notre association avec Pixar et John Lasseter durera longtemps.
Nous avons été obligés de créer un studio pour faire
Dinosaure, en même temps que nous réalisions le film - il
fallait associer les deux perpétuellement. Le studio numérique
existe maintenant pour créer encore plus de produits mais il fait aussi
partie intégrante de tous nos projets en prises de vue réelles.

Quel était
l'objectif quand vous avez sorti
Fantasia d'abord sur Imax ?

Nous avons essayé de recréer un événement autour
de ce film comme lors de sa première sortie dans les années 1940.
Nous avons conçu ce système très complexe de son en stéréo
spécialement pour ce film que nous avons placé dans un nombre
très limité de salles. Avec en tête cette idée de
Walt que le film serait tout le temps à l'affiche, nous avons intégré
de nouveaux segments, ainsi l'oeuvre est en perpétuelle création.
Nous cherchions juste une manière de faire l'événement
avec ce film, car une sortie normale ne lui aurait pas convenu, et que pense
que cette solution en fait un énorme succès. Il est joué
dans presque toutes les salles Imax de la planète maintenant !

Avez-vous l'intention
de créer d'autres nouveaux segments ?

Oui, quelques scènes sont en préparation en ce moment même,
et cela m'excite beaucoup car ce sont exactement ce que j'avais envie qu'on
crée quand nous avons fait les premières.

Quand pensez-vous
qu'elles seront prêtes ?


En 2005 ou en 2006 je pense.

Ce doit être
une question qu'on a du vous poser cent fois, mais quel est le secret du succès
de Disney ?


L'art de raconter des histoires, je pense. De grandes histoires, de grands personnages,
de grandes musiques, il y a beaucoup de choses. La musique est une part importante
des souvenirs que les gens gardent d'un film. Quand on entend "when you
wish upon a star", cela évoque tout un film (Pinocchio en
l'occurrence, ndlr), et avec Le Roi Lion, c'est la même chose.
Nous avons une telle tradition derrière nous, c'est comme regarder par
dessus son épaule et se dire : "c'est à cela que tu dois
succèder, sois aussi bon, sois aussi bon!"

Est-ce que vous
sentez le regard de l'Oncle Walt sur votre épaule aussi ?


Nous essayons de ne pas trop penser à ça, parce que cela faisait
trop mal dans les années qui ont suivi sa mort. Beaucoup de gens ne savaient
pas quoi faire sans lui et se demandaient sans arrêt : "Est-ce que
Walt aurait aimé ça ?" Je pense que nous avons passé
cette étape maintenant et nous pouvons même en rire : "mon
Dieu, j'espère qu'il ne voit pas ça !" (rires)

Vous avez dit
tout à l'heure que vous faisiez des films sur ce que vous aimez, puis-je
vous demander ce que vous aimez ?


J'aime les comédies. J'aime aller au cinéma pour me détendre,
pas pour être pris à la gorge par des messages sociaux lourds,
à moins que cela soit fait de façon divertissante. Si les gens
ont des problèmes, un aspect triste, ils ont aussi un côté
joyeux, amusant. J'aime les films avec des personnages dont on se souvient.
Les films où on se tire dessus sans arrêt et où on fait
toput exploser ne marchent pas trop avec moi. Je préfère être
diverti par des choses subtiles et charmantes plutôt que par quelqu'un
qui fait exlposer le monde, même si ça peut être amusant
! (rires)

Qu'est-ce que
cela représente de grandir dans l'ombre de Walt ?

Je n'ai jamais trop pensé à cela parce que je n'avais pas
l'ambition de faire ce métier. J'ai grandi près des locaux de
la compagnie aérienne Lockheed, des avions passaient au-dessus de nos
têtes toute la journée, je suis tombé amoureux des avions.
J'ai été à l'université pour devenir ingénieur
et pour travailler dans la conception aéronautique. Mais cela n'a pas
marché pour moi et par un concours de circonstances, j'ai atterri chez
Disney. Je n'étais pas un artiste, je ne ressentais donc pas d'attrait
pour le dessin, mais j'ai trouvé ma voie dans le métier à
travers les films animaliers, qui sont la meilleure école de cinéma
qui puisse exister. Nous partions avec une caméra 16 mm et une bonne
réserve de pellicule et tournions des images d'animaux pendant des mois
et des mois à toutes les saisons. La plupart des films ont pour sujet
la naissance et la croissance de différents animaux, nous ramenions ça
au studio et ils devaient essayer d'en tirer une histoire. L'art de raconter
des histoires était implicite dans tout ce que nous entreprenions, l'aspect
du film, la façon dont on avait tourné telle ou telle séquence,
etc.

Regrettez-vous
de ne pas avoir poursuivi votre passion pour l'aéronautique ?


Pas du tout. J'ai eu mon brevet de pilote à 16 ans et j'ai volé
toute ma vie. J'aurais de toute façon été meilleur pilote
que concepteur.

Vous pilotez
toujours ?


Non, mais nous avons encore un avion. Alors il m'arrive de m'asseoir devant
avec l'équipage.

Quels sont les
prochains projets de Disney pour les prochaines années ?


Eh bien nous avons une ribambelle de dessins animés. Le prochain, c'est
bien sûr Kuzco l'Empereur mégalo avec les voix (aux Etats
Unis) de David Spade, John Goodman and Ertha Kitt. C'est un film très
drôle, que j'adore. C'est un peu en dehors de ce que fait Disney habituellement
dans ce sens que c'est plus dans le ton de Saturday Night Live (émission
comique amércaine culte qui a révélé Eddie Murphy,
James Belushi ou Dan Ackroyd) que d'un film Disney. David Spade est l'empereur
d'un petit pays sud américain et Etha Kitt est une sorcière qui
essaie de se débarrasser de lui pour prendre sa place. En essayant de
le tuer, elle le change par accident en lama. Et pour redevenir humain, il doit
désormais être un bon garçon pour redevenir humain, alors
qu'il était avant l'être le plus égoïste qui soit.
Soudain transformé en pauvre lama au coeur des Andes, il sera aidé
par un très gentil paysan, John Goodman. C'est une histoire délicieuse.

Le printemps ou l''été prochain, nous sortons un grand film qui
s'appelle Atlantis, avec les voix de Michael J Fox et James Garner. C'est
une sorte de film à la Indiana Jones tourné en Cinémascope,
nous irons dans les profondeurs de la mer à la découverte de la
cité perdue d'Atlantis. Ce sera un film visuellemnt merveilleux. Après
cela, il y aura un autre film avec Pixar qui sortira en Septembre ou en Octobre
prochain et s'appellera Monsters Incorporated.

De quoi cela
parle-t-il ?


Nous l'avons vu il y a deux mois dans une copie à un stade très
basique et je n'ai pas arrêté de rire pendant une heure et dix
minutes. Cela parle des monstres qui vivent derrière la porte du placard
quand vous êtes enfants, ils sortent la nuit dans l'obscurité et
vous terrorise jusqu'à la mort et ça montre ce qu'ils font quand
ils regagnent le placard. Il y a là un autre monde où ils vivent,
ont leur maison, prennent leur voiture pour aller au travail chaque jour et
vous faire peur. Il y en a de différents types, John Goodman joue dans
celui-ci aussi avec son acolyte Billy Crystal. C'est vraiment hillarant. Il
y a aussi une petite fille qui se retrouve dans le monde des monstres et leur
pose de gros problèmes !

Entretien
réalisé à Belfast par Nic Wistreich

Sur
le même sujet :

Entretien
avec Neil Krepela

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