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Eji Okuda, sexe et tatouages

D’abord acteur, Eiji Okuda est l’une des grandes révélations japonaises de ces derniers mois avec son premier film Shoujyo, une adolescente, une histoire d’amour touchante et amusante entre un flic tatoué de 50 ans (interprété par Okuda lui-même) et une jeune adolecente (Mayu Ozawa dont c’est le premier film). Dans cet entretien réalisé à Venise, quelques mois avant le triomphe du film au Festival du Film de Paris (Grand Prix et Prix d’interprétation féminine), Okuda nous confie son point de vue sur le rôle de l’artiste dans la société, le phénomène du « enjo kosai » et les significations du tatouage au Japon et dans son film.

Cela faisait longtemps que vous vouliez adapté le roman de Mikihiko Renjyo. Pourquoi ?

Je l’ai lu pour la première fois quand j’avais 35 ans, c’est-à-dire il y a 15 ans. Pendant ces 15 années, j’ai évolué, je suis devenu plus mature. Et puis, il m’est arrivé pas mal de choses dans ma vie privée : des rumeurs, des scandales, des conflits familiaux, j’ai failli divorcer de ma femme (en raison d’une liaison avec une jeune actrice, ndlr)… Pendant ces 15 années, le scénario a été réécrit 5 fois, et finalement, j’ai décidé de faire du personnage principal un policier. Je peux donc dire que ces 15 années de mon évolution personnelle ont eu un effet sur l’histoire, elles m’ont rendu plus sensible au sujet de Shoujyo.

Shoujyo traite de façon assez humoristique le sujet délicat du « enjo kosai » (prostitution adolescente), qui a déjà été traité dans de nombreux films. Que pensez-vous personnellement de ce phénomène ?

Je pense que cela ne devrait pas exister. Je pense que cela arrive parce que les jeunes gens aujourd’hui sont très durs dans leurs émotions, dans leur physique et dans leur mental. Ils se traitent donc eux-mêmes de façon très dure en s’infligeant des douleurs. Je pense que rien de bon ne peut sortir de cela excepté un sentiment de dépression face à un monde très incertain. Il y a donc plusieurs raison pour expliquer cette situation, et peut-être aussi parce que de nos jours au Japon, il est très dur de se bâtir une identité. Les enfants sont laissés à eux-mêmes et ne savent pas ce qu’ils doivent ressentir. Il y a un manque de communication général entre les être humains, les enfants ne peuvent donc pas grandir normalement, ce qui signifie aussi que les rapports affectifs ne peuvent être normaux non plus.
C’est à cause de cela que le « enjo kosai » existe.

Votre ami Rokuro Mochizuki (Onibi le démon) a dit un jour qu’il filmait les scènes de sexe sans aucune inhibition. Mais en ce qui vous concerne, jouer de telles scènes avec une jeune femme de 14 ans a dû vous intimider quelque part…

La différence entre monsieur Mochizuki et moi, c’est que lui est seulement réalisateur alors que moi je suis aussi acteur. (rires) En tant que réalisateur et personnage, j’aimait le personnage de Yoko, c’était donc un peu confus dans ma tête… Je devais maintenir un juste équilibre entre ma fonction de réalisateur et ma fonction d’acteur quand je jouais. Parfois, je devais mettre juste 10% de ma concentration dans ma fonction d’acteur et 90 % dans celle de réalisateur. J’ai réussi à trouver cet équilibre et c’est ainsi que j’ai pu mener à bien les deux tâches. C’est aussi pour cela qu’on me récompense en tant que réalisateur et non en tant qu’acteur ! (rires) Avant, je mettais 200 % de ma concentration sur mon métier d’acteur, donc si j’obtiens un jour un prix d’interprétation pour ce film, ce ne serait pas juste ! (rires)


J’imagine que vous avez recruté vos acteurs un peu comme vous auriez choisi une famille idéale? Je ne vous imagine pas procéder à des séances de casting très strictes et impersonnelles pour ce film…


C’est vrai qu’il y a une différence entre la façon conventionnelle de procéder à un casting et ce que j’ai fait - et je considère d’ailleurs ma manière comme la meilleure. D’habitude, pour un casting, il y au moins trois personnes, le producteur, le directeur de casting et le réalisateur. Après les auditions, les trois se réunissent pour décider qui doit être choisi ou pas. Il faut savoir qu’il y a pas mal d’intérêts en jeu derrière les castings, pas mal de relations d’influence… Moi, je n’ai pas fait comme ça: j’ai parlé directement aux acteurs, sans paroles voilées, sans me laisser influencer par qui ou quoi que ce soit. Je pense qu’un réalisateur a besoin d’aimer tous ses acteurs pour faire un film. S’il ne les aime pas tous, s’il ne les pas tous choisis avec son coeur, alors il ne peut être tenu responsable des mauvais résultats d’un film.


Une Adolescente est la première expérience d’actrice de Mayu Ozawa. Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous avez été trés exigeante avec elle, autant psychologiquement que physiquement. A t-elle jamais été effrayée par ce que vous attendiez d’elle ?


J’ai organisé une rencontre avec les acteurs avant le tournage pour leur expliquer quelle sorte de film j’entendais réaliser. Pour ce faire, j’ai emmené Mayu Ozawa, Akira Shoji – qui joue le frère de Yoko, et l’assistant réalisateur dans un chalet isolé ou, pendant quelques jours, nous avons fait connaissance, et discuté dans une atmosphère apaisante. J’ai procédé à de petites répétitions avec Mayu Ozawa et pensé qu’elle jouait bien. Mais en fait, quand le tournage du film a débuté, je me suis vite rendu compte de ses limites. Elle posait devant la caméra plus qu’elle ne jouait.


Donc pendant les premiers jours du tournage, j’ai commencé de perdre ma confiance en elle. Ce que j’avais perçu et aimé chez elle pendant les répétitions ne se produisait plus. Je l’ai donc prise à part et lui ai dit qu’il fallait qu’elle s’oublie complètement et qu’elle se plonge dans le personnage. Il fallait qu’elle oublie sa vie quotidienne, qu’elle coupe les liens avec ses parents, avec son petit ami. Sinon, elle ne pourrait jamais interpréter la vraie Yoko du film. Si elle parvenait à se défaire d’elle-même, elle pourrait continuer de jouer dans le film. Mais si elle ne parvenait pas à s’affirmer en tant qu’actrice, il faudrait qu’elle quitte le film. Elle me répondit alors en pleurant qu’elle ne voulait pas quitter le film. A partir de ce moment, la véritable Yoko était née, et Mayu Ozawa resta parfaitement concentrée jusqu’à la fin du film. Parfois, je la grondais durement où me montrais un peu rusé avec elle pour obtenir ce que je voulais, mais sa concentration n’en demeura pas moins parfaite jusqu’à la fin.


Dans le film, votre personnage dit : « Je veux rester avec Yoko. Je fais fi des règles sociales ». Jusqu’à quel point la relation que vous décrivez dans Une Adolescente est-elle tabou, et l’est-elle autant dans les campagnes que dans les villes ?


Si Tomokawa avait vraiment une famille dans le film, il ne pourrait évidemment pas vivre cette histoire d’amour de la même façon. En tout cas, les choses seraient beaucoup plus difficiles pour lui. C’est pour cette raison que j’ai choisi un personnage célibataire, pour exprimer mon point de vue général plus clairement. Aussi, j’ai choisi de situer l’histoire dans un endroit ni totalement urbain, ni totalement rural. La plupart des japonais habitent dans ce genre d’endroits intermédiaires. J’ai pensé qu’il serait plus authentique de situer le conflit des personnages dans ce genre d’endroit plutôt que dans une grande ville où, j’ai l’impression, les gens se révèlent moins entre eux. Il me semble qu’il y a plus de distance et d’indifférence entre les gens dans les grandes villes que dans les campagnes. Voilà pourquoi j’ai opté pour un endroit plutôt neutre, plus proche du style de vie japonais traditionnel.

Qu’est ce qui vous intéressait particulièrement dans le motif du tatouage ?


Historiquement, le tatouage remonte à l’ère Edo. Il était alors essentiellement pratiqué par les yakuzas, en marge de la société. Arborer un tatouage vise à révéler votre véritable personnalité, et une forme de loyauté envers vous-mêmes – voilà pourquoi le tatouage est très prisé des yakuza! Aujourd’hui encore, les gens dits “normaux” ne se font guère tatouer, 95% des tatouages sont encore pratiqués par des yakuza.


En fait, dans ma vie personnelle, j’ai un ami qui est policier, mais qui était le chef d’un gang de jeunes quand il était au lycée. Après l’école, il lui a fallu choisir entre devenir un yakuza et un policier. Et pour lui, les deux fonctions n’étaient pas très différentes, puisqu’elles symbolisaient toutes les deux une forme d’autorité au sein de la société japonaise !


Pour le personnage de Tomokawa, le tatouage permettait dans sa jeunesse de s’affirmer en tant qu’homme. Pour Yoko, il permet de montrer et de confirmer son amour pour Tomokawa. Et je me dois d’avouer que grâce à l’interprétation de Mayu Ozawa, je n’ai jamais vu une séance de tatouage sur une femme aussi belle que dans le film.


Dernière question : avez-vous la sensation que les artistes sont assez reconnus au Japon ?


(Il réfléchit un moment) Dans les années 80, si vous disiez que vous étiez artiste, on vous arrêtait en vous disant : « Tu ne devrais pas dire ça ». Mais à partir des années 90, il me semble que les artistes, les créateurs, ont été de mieux en mieux considérés. Pour moi, une société sans artistes est comme une société sans âme, sans cœur. Je reste persuadé que les artistes font du bien au monde, et c’est peut-être la seconde ou troisième fois dans l’histoire du Japon que les artiste sont vraiment considérés et reconnus. Aussi, après la grave crise économique que nous venons de traverser, il me semble que le monde et les rêves des artistes sont nécessaires à l’ensemble de la société.

Entretien réalisé à Venise 2001 par Robin Gatto

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