The Red Phallus,Tashi Gyeltshen, Bhoutan, 2018
Le Festival International de Films de Fribourg (FIFF) célébrera à nouveau, pour sa 33e édition, la diversité cinématographique sous toutes ses formes : en tout, 105 films de 58 pays différents seront projetés dans les salles de cinéma fribourgeoises du 15 au 23 mars 2019. Tous raconteront l’autre moitié de l’histoire : celle qui permet aux cinéastes de transmettre leur propre vision de la société et de la culture de leur pays d’origine, mais aussi celle qui déconstruit les clichés, qui nous bouscule et nous questionne. On comptera ainsi un tiers de productions venues d’Asie, notamment l’Afghanistan, le Bhoutan et la Corée du Sud, et un cinquième d’Afrique, dont le Rwanda, le Niger et le Burkina Faso. Le cinéma des Caraïbes, à l’honneur cette année, livrera au public du FIFF un regard inédit sur Haïti, Porto Rico et la République dominicaine.
Toutes sections confondues, le FIFF comprendra 72 longs métrages et 33 courts métrages, dont 46 premières mondiales, internationales, européennes ou suisses.
Une compétition internationale de découvertes
Parmi les douze longs métrages de la Compétition internationale, deux films seront diffusés en première européenne et en présence de leur réalisateur : The Red Phallus, premier long métrage de Tashi Gyeltshen qui explore le monde confus des masques au Bhoutan, et Swing Kids de Kang Hyeong-cheol qui transfigure les horreurs de la guerre de Corée en un spectacle de claquettes organisé dans un camp de prisonniers. À leurs côtés, entre autres, le portrait d’une bourgeoisie mexicaine en déclin dans The Good Girls d’Alejandra Márquez Abella (primée au FIFF 2016), le documentaire A Thousand Girls Like Me de Sahra Mani sur la justice afghane face au viol ou encore la quête de la vérité dans le polar chinois The Looming Storm de Dong Yue.
Le Jury international qui primera ces longs métrages sera composé de la cinéaste nigérienne Rahmatou Keïta, de la réalisatrice dominicaine Natalia Cabral, du dessinateur syro-palestinien Hani Abbas et de la réalisatrice indonésienne Kamila Andini, lauréate du Critic’s Choice Award 2018 du FIFF pour The Seen and Unseen. Un cinquième juré devrait les rejoindre.
La Compétition internationale : Courts métrages compte quant à elle 15 courts métrages en provenance notamment du Rwanda, du Nicaragua ou du Mexique. Réalisés pour plus du tiers par des femmes, ils seront soumis au regard d’un jury composé de cinéastes suisses Jela Hasler, Alice Riva et Philippe Pellaud, alias Kid Chocolat.
Une autre vision de la femme noire
Loin des films véhiculant clichés racistes et autres rôles caricaturaux, les seize actrices afro-descendantes, co-auteures de Noire n’est pas mon métier, proposeront une filmographie respectueuse de la femme de couleur ou qui a marqué leur histoire. Ainsi, Firmine Richard a choisi Romuald et Juliette, comédie de Coline Serreau qu’elle a interprété en 1989 aux côtés de Daniel Auteuil ; Aïssa Maïga a sélectionné deux films du Burkinabé Idrissa Ouedraogo, Tilaï et Yaaba (co-produit par la Suisse) ; Mata Gabin nous fera revoir Mandingo de Richard Fleischer tandis qu’Eye Haïdara et Marie-Philomène Nga raviveront le succès d’Euzhan Palcy Rue Cases-Nègres. Enfin, et entre autres, l’ancienne Miss France Sonia Rolland a souhaité rendre hommage à son pays, le Rwanda, avec le téléfilm Sometimes in April, réalisé par le Haïtien Raoul Peck, incarné par Idris Elba et produit par la chaîne américaine HBO. Une table ronde le dimanche 17 mars regroupera ces actrices autour du combat qu’elles mènent.
Trouvailles caribéennes
Pour la section Nouveau territoire, le FIFF partagera ses trouvailles caribéennes : en première internationale, le sulfureux 7:20 Once a Week du Dominicain Matías Bize et, en premières suisses, El Chata du Portoricain Gustavo Ramos Perales ou encore El hombre que cuida d’Alejandro Andújar. Les cinéastes Guetty Felin, Natalia Cabral et Oriol Estrada présenteront en personne leurs films, respectivement Ayiti mon amour et Miriam Lies.
Exploration en terre romantique
La section Cinéma de genre comprendra autant des classiques comme Bringing Up Baby de Howard Hawks et Breakfast at Tiffany’s de Blake Edwards, que des comédies récentes comme Aleksi de la Croate Barbara Vekarić, le succès argentin El Fútbol O Yo ou A Place in the Caribbean, du Hondurien Juan Carlos Fanconi, en première européenne.
Regards croisés de Corée du Sud
Les goûts d’Elisa Shua Dusapin et Bong Joon-ho, invités du FIFF 2019, se croisent et s’entremêlent : parmi les choix de l’écrivaine, les thrillers Memories of Murder et The Host du réalisateur prodige. ExamiNation de Judy Suh sonde l’impitoyable examen d’entrée d’un collège sud-coréen tandis que Counters, de Lee Il-ha, retrace les mouvements xénophobes japonais envers les Coréens. Du côté du cinéaste Bong Joon-ho, des chefs-d’œuvre qu’il n’a jamais vus sur grand écran : Red Beard d’Akira Kurosawa, Days of Being Wild de Wong Kar-wai ou encore The Sugarland Express – pépite méconnue de Steven Spielberg !
Une nouvelle facette du cinéma suisse
En parallèle à la deuxième rencontre des professionnel-le-s fribourgeois-e-s du cinéma, une soirée du Festival sera dédiée au cinéma fribourgeois. Le 19 mars, les spectateurs et spectatrices pourront découvrir les dernières réalisations des frères Guillaume, d’Annie Gisler et des documentaristes Francesca Scalisi et Mark Olexa. Du côté de la relève, de savoureux courts métrages de David Nguyen, Stéphanie Dauth, Henri Marbacher et Stephan Eigenmann seront de la partie.
Sueurs nocturnes
Des premières suisses feront frissonner le public à la tombée de la nuit, de Farming d’Adewale Akinnuoye-Agbaje à The Factory du Russe Yury Bykov, en passant par The Witch: Part 1 – The Subversion de Park Hoon-jung, film d’action sud-coréen primé au Festival Gérardmer 2019. Sans oublier Walter, premier long métrage de Varante Soudjian, la comédie française qui a failli faire mourir de rire la commission artistique du FIFF.
La diversité en partage
Enfin, pour approfondir la découverte, et parce que le FIFF tient à ce que son public soit aussi varié que sa programmation cinématographique, de nombreuses activités inclusives sont au programme de cette 33e édition. Planète Cinéma permettra près de 11 00 élèves de découvrir le cinéma d’ailleurs, tandis que les projets de médiation culturelle rassembleront des cinéphiles de tout âge et horizon culturel. Sont prévus également des projections dans les EMS, une séance traduite en langue des signes (LSF) ou encore des billets suspendus, offerts à des personnes en situation de précarité. Enfin, expositions et afters animeront la ville de Fribourg entre les séances, que ce soit à la BCU, à Fri-Art, au Nouveau Monde ou à Fri-Son.