"Mercredi 14, premier jour du « film événement »... 13 042 entrées sur 279 copies. Soit une moyenne de 47 entrées par salle pour toute la journée.
Jean-Paul Belmondo n'avait pas besoin de ça !
Depuis quelques temps, les médias n'enterrent plus les morts... ils enterrent les vivants maintenant !
Je suis en colère !"
Axel Brücker
Je reproduis ici avec l'amicale autorisation d'Axel Brucker et David Genzel un coup de gueule magistral publié sur le blog de David et Céline (qui en appelle d'autres d 'ailleurs selon moi : et Alain D...)
Un Homme et son chien devait être le retour tant attendu de Belmondo sur les écrans, ses retrouvailles avec le public « qui ne l'a jamais oublié » depuis son grave accident vasculaire.
La fausse bonne idée se met en route, mais le pire est à venir avec la promotion du film, promotion médiatique démesurée dont le marketing se positionne entre l'hommage de la Nation au grand comédien et le Téléthon.
Magazines people, news, télévisions et radios se sont donnés rendez-vous, comme à Cannes, pour saluer le courage de Bebel, « icône du cinéma français » pour ceux qui ne le savaient pas. Et toutes et tous d'annoncer qu'il ne s'agit pas d'un film de complaisance pour l'ami Belmondo, d'un coup de pub, non, surtout pas, mais d'un « vrai film », un film de Francis Huster, avec de nombreux acteurs et un vrai scenario, remake d'un déjà célèbre film de Vittorio de Sica. Certains critiques s'en trouveront mal à l'aise, car si l'on ne tire pas sur une ambulance, on tire encore moins sur la promo et la couverture de son journal.
Francis est sur tous les plateaux, les yeux mouillés, pour nous parler du courage extraordinaire de Belmondo et comment il a réussi à Le convaincre de revenir au cinéma, non dans un polar ou dans une comédie, mais dans un film grave qui colle à l'actualité des Sans Domiciles Fixes, des personnes sans ressources... sorte de remake également d'Hiver 54, un vrai film !
Le public « qui n'a pas oublié Belmondo » commence à se méfier.
Mais le couronnement est à venir, le dimanche, sur le Service Public avec Drucker, l'ami de toujours de Belmondo, celui qui ne l'a jamais oublié, et qui nous annonce une « spéciale Belmondo » à l'occasion du « retour de Belmondo au cinéma » et une interview exclusive de l'acteur préféré des Français par le présentateur préféré des Français.
Belmondo n'est pas sur le plateau, il sera dans une interview spéciale, un sujet comme on dit. En attendant, les invités défilent avec un temps de parole minuté pour dire que Belmondo a été, oh pardon... est toujours... un immense acteur ! La gêne s'installe, la promo est énorme, le public s'impatiente... Francis, les yeux toujours humides, nous raconte que Belmondo a été extraordinaire, il a même déjeuné à la cantine avec les autres comédiens, il plaisantait souvent, Drucker salue plusieurs fois le travail extraordinaire du fidèle maquilleur de Bebel, Huster nous raconte qu'il a même tourné, sans doublure, la scène où il est debout sur les rails au moment de l'arrivée du train ! Vrai !
La gêne s'arrête avec « l'interview exclusive » de l'ami de toujours de Drucker par Drucker ! On est dans le pathétique. Pour une fois, la promo ressemble au film. On est loin de certaines pubs mensongères.
« Jean-Paul a travaillé avec les plus grands »... Parlez-nous de Gabin... « Ah oui ! Un grand monsieur » Et... Lino Ventura ?... « Ah Ventura ?... Il était pas facile, non... » Et Delon ? « Avec moi, pas de problème... » Ainsi jusqu'à la deuxième partie, parce qu'il y a plusieurs parties dans ce spécial retour de Belmondo, avec Charles Gérard, et là on touche le fond, qui nous raconte que cette histoire est vraie car Belmondo avait perdu son chien, dans la vraie vie, comme dans le film... Il s'en souvient très bien, et l'avait retrouvé, grâce à sa ténacité et son courage... Comme dans le film, une sorte de film un peu autobiographique aussi.
L'émission se termine avec l'annonce d'une journée spéciale, le lendemain, sur Europe 1 sur le retour de Belmondo au cinéma... Mais il faut « absolument » aller mercredi voir ce film, ce « vrai » film.
Dès le lendemain matin, en effet, Europe prend la relève avec, comme invité de Fogiel, Michel Drucker, l'ami de Belmondo, et l'on repasse des extraits de l'interview exclusive de l'acteur que les Français n'ont pas oublié... « Lino Ventura ?... « Ah Ventura... Il était pas facile, non... » Ca passe mieux en radio. Michel, « que vous retrouverez tout à l'heure dans une spéciale Belmondo ». Bruno Cras, mal à l'aise, rappelle qu'Un Homme et son chien est le remake par Francis Huster d'un très grand film du « néo-réalisme italien des années 50 »... Ca donne envie.
Au fait ? Et que pense Jean-Paul Belmondo du film ? Il ne l'a pas encore vu, nous raconte son ami Michel Drucker, il le verra mercredi en salle avec ce public « qui ne l'a pas oublié ! ».
Résultat du fameux mercredi ? Un désastre... Avec, pour l'ensemble de la France, un total de 13 042 entrées sur 279 copies. Soit une moyenne de 47 entrées par salle pour toute la journée.
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis »
Axel Brücker
PS : Le public, lui, n'a jamais oublié Jean-Paul Belmondo.
http://davidetceline.over-blog.com/