« Cultivez votre jardin cinématographique ! »

De Capra à Hitchcock, de Demy à Deville, son enfance a été illuminée par ces merveilles du 7e Art partagées en famille. Une passion qu'elle cultive et transmet aujourd'hui avec ferveur à ses enfants. Rencontre avec la plus passionnée des marraines.

© Cédric Mirande

Quels sont vos souvenirs de jeune spectatrice ?

J'allais au cinéma avec mes parents surtout. Ils avaient des goûts à la fois très exigeants et très éclectiques. Ils nous montraient chaque semaine de nouveaux films, et nous en parlions très ouvertement, cela faisait partie intégrante de notre éducation.

Je me souviens aussi des films vus à la maison : chaque soir de Noël... c'étaitLa Vie est belle de Capra en famille ! Et aussi des mélodrames qui m'impressionnaient et m'intéressaient particulièrement, comme Le Petit Lord Fauntleroy, cette histoire d'orphelin qui hérite de son grand-père...

J'ai aussi été traumatisée par un film des années 30, qui dépeignait la vie à Versailles : Marie-Antoinette avec Norma Shearer et Tyrone Power. Traumatisée mais... fascinée car j'adorais ce film, je le regardais en boucle !

Vous poursuivez cette initiation avec vos propres enfants. Mais comment vous y prenez-vous ?

Mes filles n'ont pas la TV. Elles ne subissent pas les programmes, mais disposent d'une programmation à la carte... que je choisis pour elle ! J'y vois un moyen d'échapper à la vulgarité et à l'incitation au consumérisme de tant de programmes jeunesses.

Je leur montre beaucoup de DVD, mais nous allons aussi au cinéma... à condition que ce soit pour un film de qualité !

Je leur propose les films que j'ai aimés petite, comme Cyrano de Bergerac, ouL'Ours et la Poupée de Michel Deville. Sans oublier de rester à l'écoute de leurs goûts, même s'ils diffèrent des miens. Ma fille n'a pas aimé Sissi ? Tant pis ! A deux ans et demi, elle a adoré Chihiro de Miyazaki, un film à mon avis assez perturbant. Du coup, je l'ai laissée regarder Princesse Mononoké, que je trouve très violent.

Même si je juge ses désirs totalement imprévisibles, au final une cohérence se dessine, et j'aime la découvrir. C'est pourquoi il est si important de proposer beaucoup de choses aux enfants, de leur montrer simplement que ça existe, d'ouvrir l'éventail des choix. Des lieux magiques comme la Cinémathèque, un festival comme Mon 1er Festival, ça sert à cela !

Et vous, comment êtes-vous passée de l'autre côté de l'écran ? Quel fut le déclencheur ?

Petite, j'ai souhaité faire du théâtre car cela me semblait plus simple que le piano (j'étais terrorisée par le solfège !). Repérée par des directeurs de casting dans mon cours de théâtre, j'ai eu la chance de faire des films dès 8 ans. Au début ça m'amusait énormément, mais petit à petit j'ai compris que c'était aussi un travail très dur.

Pendant longtemps je ne me suis pas posée de questions et j'ai concilié théâtre et études, jusqu'au jour où il a fallu choisir entre les partiels de lettres modernes et une tournée. Je savais que si je manquais les examens je manquais mon année. Et j'ai choisi le théâtre...

Mon 1er Festival propose cette année de revoir Peter Pan de P.J. Hogan, dans lequel vous incarnez la fée Clochette. Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage ?

A la fois difficiles et palpitants, car c'était un rôle muet qui n'était pas écrit : c'était à moi de le faire et de m'imposer chaque jour sur le plateau, dans le cadre d'un grosse production. Et cela sans compter le défi physique : j'étais seule sur tous les plans, 15 heures par jour, suspendue par des câbles devant un fond bleu !

Mais j'ai adoré ce personnage, avec ses paradoxes, ses failles et son énergie. La fée Clochette restera gravé en moi !

Quel est le vœu de la marraine pour cette 7e édition ?

Que les enfants cultivent leur propre jardin cinématographique, il n'y a que comme cela que ça donne des fruits !

Ses trois films "coups de coeur”

Les trois films qu’elle a choisis dans la programmation sont Le Magicien d’Oz, de Victor Fleming, Princes et Princesses, de Michel Ocelot et Les Demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy.