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Le Cinéma étoilé d'Ali NassarIl est des vies qui dépassent les plus folles fictions, et celle du réalisateur Ali Nassar en fait partie. Israëlien d'origine palestinienne, Ali Nassar a étudié le cinéma à Moscou grâce au parti communiste et son deuxième long-métrage, La Voie Lactée, est l'un des premiers projets palestiniens produit par le Fond de Promotion du Cinéma Israëlien en 1997. Après une carrière très fructueuse dans les festivals (Jérusalem, Berlin, Paris), le film est enfin distribué en France grâce à la société Beamlight d'Emmanuel Chouraqui. Rencontre avec un réalisateur dont le talent n'est pas une étoile filante. Il paraît que pendant votre enfance, dans le petit village d'Araba en Galilée, vous préfériez la télévision à votre troupeau de chèvres? Où avez-vous appris ça? (rires) Oui, pour l'enfant assez espiègle que j'étais, la télévision était une boîte magique offrant un accès au monde incomparable. Il n'y avait qu'une télévision dans mon village, et j'allais la regarder dès que je le pouvais, et pour moi, à cet âge, ça valait bien le cinéma! Les pouvoirs de cette boîte ne cessaient de m'étonner... Il n'y avait pas seulement des films, il y avait aussi des émissions, des documentaires qui montraient le monde. J'avais 6 ou 7 ans quand un jour, j'ai aperçu l'antenne de la télévision sur un mur. Je pensais que cette antenne observait les gens dans les rues, dans les maisons... Alors je me disais que si quelque chose se passait dans le monde, l'antenne le verrait et la boîte magique nous le montrerait. Comme j'étais un enfant très espiègle et plutôt imaginatif, je me suis dit: "Si je m'amuse, si je bouge devant cette antenne, peut-être que j'apparaîtrai à mon tour dans la boîte magique!"... (rires) De plus, je voulais être vu sous un jour amusant, pas pendant un moment qui n'intéresserait personne! (rires) Alors, j'ai commencé à faire le clown, à inventer des sketches devant cette antenne. Il fallait que je marche longtemps, à travers champs, tout seul, pour atteindre cette antenne et faire preuve de mes talents théâtraux! Mais ensuite, tout le monde me disait qu'on ne m'avait pas vu dans la boîte, et cela me rendait triste. (rires) Mais j'espère toujours que la télévision me montrera un jour! (rires) C'est donc à cette époque que j'ai commencé à ressentir l'attrait de l'image et de la représentation, et j'aimais beaucoup ça. Ce que peu de gens savent, c'est que vous avez pu faire des études de cinéma au VGIK de Moscou grâce au parti communiste, qui vous a obtenu une bourse... Oui, je suis communiste, membre du parti communiste, et c'est ce parti qui m'a donné la chance d'étudier le cinéma à Moscou entre 1975 et 1981. J'ai obtenu là-bas une maîtrise de réalisation télévisuelle et cinématographique. Je pense que j'ai eu beaucoup de chance de pouvoir étudier là-bas, parce que le cinéma russe est une tradition merveilleuse. Cette époque a été très enrichissante pour moi, j'ai pu découvrir l'école russe et néoéraliste italienne. Je sens que j'ai reçu un héritage très riche de ces écoles cinématographiques. Mais maintenant, j'essaie de faire mon propre cinéma! (rires) Votre film de fin d'études s'intitule Eternité. Quel en est le sujet? C'est un film documentaire qui parle de l' "éternité" d'un simple être humain après sa mort. A cette époque, j'ai perdu un être très précieux, ma mère. Elle est restée en moi, dans mon coeur, pendant tout le temps de mes études. Et je voulais vraiment faire quelque chose en sa mémoire. Le film lui est donc dédié. Ma mère était une femme merveilleuse, avec beaucoup de coeur, elle a élevé 12 enfants dans des conditions assez difficiles. Mes parents sont des paysans, ils travaillent la terre. Quand ma mère est morte, je me suis demandé: "De quelle manière une femme simple comme elle peut-elle prétendre à l'éternité?" Un écrivain, un académicien peut y prétendre pas ses mots, ses écrits, ses oeuvres, mais pour une personne simple? Ce sujet m'a beaucoup affecté, et pendant mes études, j'ai recherché dans la religion et le marxisme-léninisme des réponses à mes questions. Finalement, j'ai pensé qu'à travers le cercle familial, tous les êtres humains pouvaient prétendre à l'éternité, car chacun d'entre nous laisse des souvenirs, des idées, des traces qui traversent les êtres et perdurent génération après génération. La Voie Lactée est-il un film autobiographique? Il y a beaucoup d'éléments autobiographiques dans le scénario, oui. Je me suis souvenu de plusieurs éléments pendant l'occupation militaire, des choses souvent traumatisantes, mais un seul souvenir a suffi pour commencer l'écriture du scénario. La "Voie Lactée" que j'ai connue, la voie de l'espoir et de la liberté, je l'ai perdue au fil du temps et ça me fait mal. J'ai vu des soldats rentrer sur nos terres sans autorisation. Ma famille devait avoir des autorisations pour pouvoir travailler dans les champs. La police militaire roulait sur nos terres en 4X4, nous avions peur qu'elle nous tire dessus. Cela a duré 6 ans. Je me souviens qu'un jour j'ai eu tellement peur que j'ai couru vers notre village, là où il ne fallait pas d'autorisation pour exister. Cela m'a beaucoup affecté. J'ai commencé à me poser des questions. Comment les miens ont-ils fait pour vivre à cette époque? Mais malgré la difficulté, je voulais garder un espoir, car quelqu'un qui vit dans un endroit difficile essaie de rester optimiste. En 1993, les événements ont fait qu'il y a eu un nouvel espoir, et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à écrire le scénario. Je regrette de voir se produire aujourd'hui ce qui tout l'air d'un retour à la situation des années 60. Malgré tout, je reste encore optimiste! (rires) Le film est-il sorti en Israël? Oui. Beaucoup de gens ne l'ont pas aimé, certains l'ont aimé. La vérité du film est l'espoir qu'il projette, celui d'ouvrir une nouvelle voie dans une culture palestinienne humaniste, car c'est pour moi le vrai visage du peuple palestinien. [à noter que le film est passé récemment à la télévision israëlienne. Aux Etats Unis, le film passe sur le câble et a même été commercialisé en vidéo, ndr] A t-il été distribué dans d'autres pays du Moyen Orient? Il est passé en Tunisie et à Carthage. Comme vous le savez, le Moyen Orient est un endroit problématique! (rires) Des films tels que La Voie Lactée peuvent-ils selon vous favoriser le dialogue entre palestiniens et israëliens? Je pense qu'il y a toujours eu un dialogue entre palestiniens et israëliens par le biais des artistes. Ce serait dramatique si cette possibilité n'existait pas! Il y a des préjugés dans les deux sociétés, mais on peut toujours montrer la culture de l'un et de l'autre, il n'y a pas de problème pour faire ça en Israël et en Palestine. Si je ne montre pas ma culture, ma façon de vivre, ce que je suis, les questions que je me pose, personne ne pourra me comprendre. Je pense qu'il est important, surtout maintenant, de faire du cinéma, des choses ensemble. Les films ont une influence, mais elle n'est pas immédiate, c'est tout un processus qui se met en marche. Quand je montre ce que je suis au peuple israëlien, ça me permet de montrer mon point de vue et de créer un dialogue. Dans quelles conditions ce film a t-il été tourné? Les conditions de travail ont été très difficiles. Nous avons tourné dans un village très éloigné, qui ressemble par ailleurs au village de mon enfance, sans eau et sans électricité. L'équipe technique comprenait des israëliens et des palestiniens, et nous avons tous travaillé comme une grande famille. Nous avons tous ressenti les douleurs qui surgissaient de ce film, de cette histoire. Mais malgré tous les obstacles, nous avons été consolés par les résultats de ce film. Il est passé dans au moins 50 pays, et quand je vois le public réagir, je suis à chaque fois agréablement surpris. Cela me donne la force et le courage de continuer. J'espère tourner mon prochain film, Le Neuvième Mois, d'ici mai 2002. Quel en sera le sujet? Ce film sera un autre point de vue sur la société dans laquelle je vis, sur la culture, sur les relations entre les gens. Je vais essayer de mêler la fantaisie, la légende à la réalité. C'est un vrai défi pour moi, parce que c'est quelque chose que je n'ai jamais fait auparavant. Mais je reste persuadé que dans l'histoire de notre région, la réalité et le mythe restent intiment liés. Notre histoire comporte des choses merveilleuses, dont la dimension est quasi-légendaire. La frontière entre la réalité et la légende est ainsi ténue, mais elle est de plus en plus remise en cause par la terrible réalité, par les tragédies des événements contemporains. J'espère à travers ce nouveau film exprimer ma foi en une autre réalité, pleine d'amour, de dignité et d'espoir en l'avenir. Propos recueillis par Robin Gatto |
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Chatelin Bruno
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