La transformation du paysage cinématographique russe
Avec 106,6 millions d’entrées, le bilan des entrées 2007 pour la Russie est très positif et progresse de 7,8% par rapport à 2006, ce qui revient, en termes de recettes, à + 13,9%. Sur cinq années, l’évolution des entrées salles a donc atteint les + 74,2% et celle des recettes + 145,5%. C’est notamment l’augmentation significative du prix moyen du billet, en passant de 2,78€ en 2003 à 3,87€ en 2007, qui permet de comprendre ces évolutions positives.
L’augmentation des entrées s’explique tout d’abord logiquement par une augmentation du nombre de salles – parc quasi inexistant il y a encore quelques années – permise par les changements politiques et le boom économique récent. Peu à peu, la Russie rattrape donc son retard et s’équipe rapidement de multiplexes dans les grandes villes, avec des salles prévues pour la projection numérique. Fin 2007, le pays comptait 1 492 écrans. On peut d’ailleurs gager que cette évolution va se poursuivre et qu’en 2010 les 2 000 écrans seront dépassés.
Le nombre de personnes se déplaçant en salles a donc considérablement augmenté ces dernières années grâce à une qualité de projection améliorée et à une présence des salles accrue. De plus, les salles russes ont encore de grandes perspectives d’évolution : avec 1 écran pour 95 000 habitants en 2007, le taux d’équipement reste faible, mais laisse tout de même présager de futures augmentations des entrées. La majeure partie du public se déplaçant en salles étant jeune — entre 14 et 22 ans —, ces spectateurs sont aussi les principaux intéressés par une offre accessible, immédiate et gratuite : celle du piratage. La filière illégale est très présente en Russie (même si la vente de DVD légaux est en pleine croissance), où les DVD des films encore en salles se retrouvent dans la rue. C’est peut-être le principal ennemi d’une nouvelle ère annoncée pour le cinéma en Russie.
Les exploitants, distributeurs et producteurs russes ont compris que le cinéma pouvait être une source de revenu importante : parc de salles en pleine expansion, utilisation plus optimisée des outils marketing et films à gros budget sont aujourd’hui légion. Le boom économique de la Russie, pays de 142 millions d’habitants, était de bon augure pour la filière cinématographique, mais la crise économique qui touche le pays de plein fouet va très nettement ralentir l’activité dans les mois qui viennent.
Le cinéma russe en progression
L’exploitation du cinéma en Russie ne peut plus être comparée à celle des décennies passées. En termes de box-office, la Russie est un pays neuf où les records sont une nouvelle fois battus chaque année. En 1998, Titanic rapportait 5,2 millions de dollars. En 2007, le premier film, Pirates des Caraïbes 3, rapporte 30,8 millions de dollars. Sur les 50 films ayant engrangé le plus d’argent, toutes périodes confondues, le plus ancien – Terminator 3 – ne date que de 2003. Sur ces mêmes 50 films, onze datent de 2006 et vingt de 2007.
Sur l’année 2007, le premier film russe arrive en troisième position ; ce film, Le Chien-loup, avec ses 20 millions de dollars de recettes, prend aussi la sixième place all-time. Depuis le succès de Night Watch en 2004 et de sa suite, Day Watch en 2006 – plus gros succès du box-office all time avec 32 millions de dollars de recettes –, le cinéma russe fonctionne à deux vitesses : d’un côté les blockbusters qui trouvent leur public, d’un autre les films d’auteur qui ont du mal à exister. L’augmentation extraordinaire des recettes ces dernières années profite davantage au cinéma américain qu’au cinéma national. Néanmoins, avec 26,3% de PDM en 2007, le cinéma russe se défend convenablement. Les films à gros budget peuvent peut-être, à terme, profiter à tout un cinéma en mal de visibilité et lui permettre de se rendre appréciable au-delà de ses seules frontières.
Des recettes record pour le cinéma français
L’augmentation des recettes a profité pleinement au cinéma français. Avec 8 115 154 entrées, la Russie devient le second marché le plus important pour le cinéma français. Ce résultat est porté par le succès de Taxi 4, qui, avec 2,4 millions d’entrées, prend la 9e place de l’année et la 19e place all-time. Un très joli score, qui ne doit pas occulter ceux de Hellphone (348 357 entrées) et de Hors de prix (298 132 entrées). Durant l’année, 49 films français étaient visibles sur les écrans russes pour atteindre une PDM de 7,6%. C’est beaucoup mieux que l’année 2006, où le cinéma français atteignait une PDM de 4,2% pour 4 150 308 entrées, soit moitié moins qu’en 2007. Les films majoritaires représentent 64% des entrées françaises, avec 5 167 508 entrées. L’année 2007 est donc une année charnière pour le cinéma français en Russie. Dans le contexte d’un marché de l’exploitation naissant, les places sont à prendre. Avec une année 2007 réussie pour les distributeurs de films français, l’avenir s’annonçe radieux.…
Source Unifrance